INTERVIEW DE MARIE, EMILIE, VIVIANNE, LAURA
Qu’est-ce que l’activité Doigts Magiques ?
L’activité a été créée en 2008 par Françoise Pirson, qui a été rejointe peu après par Viviane. Doigts Magiques est un atelier culinaire qui a commencé au Foyer, et à cette époque on
faisait « un peu de tout ». Maintenant, on travaille les fruits et les légumes du début à la fin. C’est à dire la cueillette, le découpage, la préparation, la mise en pot, l’étiquetage et la vente du produit. Ainsi, les usagers voient toutes les étapes. On est très axé sur l’autonomie du travail. On les accompagne dans ce qu’ils savent faire, mais on ne fait pas à leur place. On travaille avec des produits frais qu’on va cueillir nous-même, on essaie d’acheter un minimum. Ça nous permet d’aller à l’extérieur en été. Ainsi, on remplit nos congélateurs tout l’été pour avoir du travail en hiver. L’activité a lieu tous les jours, du lundi au vendredi. À chaque fois le matin et l’après-midi. Le nombre de bénéficiaires présents varie très fort, parfois ils sont assez nombreux. Ce sont des groupes composés de personnes aux capacités très différentes, il faut donc trouver du travail adapté pour tous. Chacun fait en fonction de ses compétences.
Quels sont les objectifs de cette activité ?
La finalité principale est la valorisation sociale. Lorsque l’on va sur les marchés pour vendre les produits, les usagers ont un retour direct. Leur travail est donc mis en valeur. Ils ont une énorme fierté lorsque les gens complimentent leurs produits. Un autre objectif est de fournir un « travail », en effet beaucoup disent qu’ils viennent travailler. Cependant, nous ne sommes pas dans une nécessité de production, nous n’avons pas de « quotas » à atteindre, il s’agit donc bien d’une activité et non d’un emploi.
Quelles sont les difficultés rencontrées ?
Les plus grosses difficultés sont les normes AFSCA. Il a été nécessaire de se mettre en ordre. Il aura fallu du temps mais maintenant ils ont tous leur tablier, leur bonnet… Ils ont l’habitude : dès qu’ils rentrent dans le local ils lavent leurs mains, travaillent avec des gants… Une autre difficulté, comme évoqué précédemment, est de composer avec des usagers aux capacités différentes. On a parfois des personnes très autonomes avec des personnes qui le sont moins. Il faut donc adapter et expliquer aux plus autonomes pourquoi telle personne travaille différemment. Enfin, nous avons aussi des difficultés avec la partie administrative. Tout doit être encodé et suivi en cas de contrôle AFSCA, accises, …. On s’en occupe la plupart du temps
Quels sont les projets actuels et futurs ?
On attend de voir ce que la direction nous réserve pour le futur, par rapport aux locaux, à l’aménagement des sites…. Ici, le local devient trop petit pour ce que l’on fait. Nous n’avons pas la place de stockage nécessaire. On privilégie les marchés d’été, pour des raisons de climat, mais aussi parce qu’on constate qu’on vend davantage. Les marchés à Farnières rencontrent du succès, par contre ceux de Noël beaucoup moins, nous les avons laissé tomber. Et maintenant, les acheteurs savent où se trouve notre local, et viennent directement acheter les produits à l’endroit où on les fabrique. C’est une autre forme de valorisation pour les bénéficiaires qui peuvent montrer leur travail. C’est d’ailleurs valorisant autant pour nous que pour les participants, car on a un retour direct des acheteurs. Pour nous, animatrices, cet atelier Doigts magiques est une manière de joindre l’utile à l’agréable, c’est intégrer notre hobby à notre travail. Au final nous trouvons tous notre compte à être ici !
Benoît Gérardy :
Cet atelier rencontre un beau succès, beaucoup d’usagers sont demandeurs d’y participer. Cela est lié à l’ambiance qui y règne, mais aussi bien évidemment à la qualité des réalisations, génératrices d’une reconnaissance du public ‘acheteur’.
Je voudrais souligner la motivation des animatrices, en permanence à la recherche de nouvelles recettes à tester, la gamme des produits proposés s’enrichit d’ailleurs sans cesse. Cette créativité permet de s’adapter, afin d’utiliser ce que la nature donne chaque année, et cela crée un dynamisme, qu’une simple visite dans les locaux permet de constater. La qualité de ces fins produits de bouche est aussi le résultat de cette implication et de cette recherche constante.
L’atelier Doigts Magiques a nécessité beaucoup de démarches pour se conformer aux différentes normes. Désormais, il dispose d’une autorisation « Activités ambulantes » émanant du SPF Economie, pour pouvoir vendre sur les marchés, d’une autorisation AFSCA pour fabriquer et vendre ces produits alimentaires, d’une mise en conformité et une autorisation des Accises pour la fabrication et la vente des liqueurs.
Pour l’avenir, le succès rencontré nous oblige à chercher une solution leur offrant davantage d’espace pour travailler, stocker et vendre. Utiliser les anciennes cuisines de notre nouveau site (MRS St Gengoux) est une option, qu’il est cependant encore prématuré de confirmer.